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8 octobre 2008

L'ultime question

Une fois n'est pas coutume je débute par l'une des phrases du prologue qui m'a conduite à lire le dernier roman de Julie Zeh. "Les idées de l'homme sont une partition où vient s'inscrire en biais la musique de sa vie."
Bon, d'accord, cette phrase, je doit l'admettre, n'a pas été que le seul élément déclencheur. Cette trentenaire  allemande a déjà a son actif 2 romans [(L'Aigle et l'Ange (2004) ; La Fille sans qualités (2006)] dont j'avais entendu parler sans sauter le pas de la lecture.p1_image_1_9956Cette fois c'est fait! Autre élément déclencheur l'auteure a opté pour une écriture s'appropriant les codes du polar pour mieux "faire passer" ce qui, sommes toutes, est une profonde réflexion sur le réel et le virtuel. Histoire "policière" simple : un milieu aisé et éduqué (chercheurs en physique fondamentale), un couple avec enfant (Sébastian, Maïke et Liam), le meilleur ami du mari (Oskar), un enfant enlevé sans l'être vraiment, un meurtre, une enquête se met en place. En sept chapitres au cours desquels on apprend rapidement qui a tué, comment et pourquoi l'auteure nous entraîne dans une profonde réflexion autour de l'ultime question :la vie ? "vérité" ou illusion ? Le temps ? quel est-il pour chacun d'entre nous ? Le temps qui passe  est-il forcément anxiogène ? Peut on le "regarder en face", l'affronter, le distordre ? Ne sommes nous pas finalement dans l'attente du moment présent ? D'où cette phrase de l'un des personnages. "L'attente cet état transitoire que nous appelons notre existence."  Il n'est pas un des personnages qui, chacun, a sa façon ne s'interroge, avec ses propres références, sur l'idée de ce qu'est le monde, sur l'idée que chacun se fait du monde, sur notre propre aptitude à projeter un monde tel que nous le souhaiterions, l'aimerions, introduisant ainsi une grande part de virtuel dans une "réalité" commune où, finalement, existent en parallèle une multitude de réalités.

Sur la base d'une réflexion scientifique extrêmement documentée (théorie des cordes, physique quantique, métaphysique etc.) où se posent également la question des compromissions que chacun dans son domaine de prédilection est à même de faire ou pas, Julie Zeh propose un ouvrage riche, dense, érudit sans être fastidieux. Oserais-je dire que le lecteur bénéficie d'une petite leçon, réussie, de vulgarisation scientifique ? L'intrigue et le suspens n'en pâtissent à aucun moment et les figures des deux policiers rappellent furieusement les figures classiques des flics que l'on rencontrent dans nombre de polars.

L'ultime question de Julie Zeh, traduit de l' allemand par Brigitte Hébert, Editions Actes Sud, 416 pages, 23,00 €, ISBN 978-2-7427-7768-6             

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