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5 octobre 2008

La couronne verte

Le dernier inédit en France de Laura Kasischke est arrivé depuis le 2 octobre. Aussitôt sorti, aussitôt lu.
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Aux États-Unis la tradition veut que, lors des vacances de printemps, les futurs diplômés de terminale mettent le cap au sud (Floride, Mexique etc.) pour passer une semaine à "s'éclater" : sexe, alcool, fête, re-sexe, re-alcool etc. Trois amies d'enfance Anne, Michelle et Terri optent pour Cancun (Mexique). Dés le premier chapitre, dés la première ligne le lecteur sait que quelque chose de terrible va arriver à l'une des filles. La narration est telle que l'on sait également laquelle des trois va "trinquer". Comme pour ses romans précédents l'enjeu pour Kasischke n'est pas tant dans l'intrigue mais bien dans la peinture qu'elle fait de la société américaine middle class. Les portraits des trois amies sont excellents, fouillés. Chacune a un passé, une famille, une nouvelle voire un roman pourrait être écrit à partir de l'une d'entre elles. La description des lieux, de ces fameuses vacances de printemps, est fine : lieu de débauche totale rien de bon ne semble pouvoir en ressortir. Là encore Laura Kasischke prend soin d'égratigner encore un peu plus la société US qui bride sa jeunesse (ne pas vendre d'alcool à un jeune de moins de 21 ans, puritanisme etc.) tout en la laissant partir à des milliers de kilomètres pour "s'en mettre jusque là".
Deux des jeunes filles, Michelle et Anne, se sentent finalement décalées, pas vraiment à leur aise et vont, en fin de compte, profiter de cette virée pour partir découvrir "l'autre" Mexique : celui des légendes Mayas. Mises en confiance par un inconnu rencontré au bar de leur hôtel les deux miss acceptent de partir avec lui à la découverte
de Chichén Itzá et du Serpent à Plumes. Le périple, que l'on sait être tragique, commence pour les deux jeunes filles. On file avec elles dans la jungle Méxicaine, on explore Chichén Itzá en leur compagnie et l'on se laisse prendre par l'émerveillement, voire la révélation, que l'une d'entre elle va alors connaître. Puis tout dérape. Je serais tentée de dire que tout dérape tant au niveau des événement auxquels sont confrontés Anne et Michelle qu'au niveau de la narration. Jusque là le dernier Kasischke est bon, de la même trempe que ceux lus précédemment, mais soudain le lecteur semble être confronté à un auteur qui en a assez. Non pas qu'elle ne sache comment finir, mais plutôt comme une lassitude, un ras le bol de ses personnages, comme un "vite finissons en". Tout va trop vite dans cette quatrième et dernière partie. Comme si Laura Kasischke n'en pouvait plus de toute cette noirceur, comme s'il lui fallait colorer en rose la fin de l'histoire. Au bout du compte cela reste un bon Kasischke mais qui sur la fin se laisse rattraper par ce qu'elle s'échine à démonter dans chacun de ses romans : le happy-end Technicolor US. Je sais, je sais cela peut démotiver de lire un livre en connaissant la fin ! Mais bon tout le reste est bon, si bon.

La couronne verte, Laura KASISCHKE traduit de l'anglais par Céline LEROY. Editions Christian BOURGOIS. ISBN : 978-2-267-01999-5, 238 pages, 22 €

 

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