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9 juillet 2008

Laura Kasischke

J’ai eu un coup de foudre…pour un écrivain… Laura Kasischke. Américaine enseignant l’art du roman à Ann Harbor dans le Michigan elle fait partie de ces auteurs pour lesquels il m’a suffit de lire un seul de leurs ouvrages pour me laisser complètement prendre par leur voix et leur mode de narration. Une découverte pas si fortuite que cela puisqu’elle est le résultat de la lecture, il y a quelques mois, d’un article dans les Inrocks et la Quinzaine Littéraire.

Il y était question de 2 ouvrages sortant en France aux éditions Christian Bourgois (Rêves de garçon et Un oiseau blanc dans le blizzard). Titres notés précieusement dans mon carnet, le passage à l’acte n’est survenu que lors du dernier Salon du Livre de Paris. Arrêt au stand Christian Bourgois et achat immédiat de Rêves de garçon…. Entamé le soir même et terminé dans la nuit. Il m’était impossible après l’espèce d’enivrement vécu lors de cette lecture de ne pas poursuivre avec les titres disponibles en France. Se sont donc enchaînés les lectures d’Un oiseau blanc dans le blizzard, A moi pour toujours, La vie devant ses yeux et A suspicious river. Je ne fus repue qu’une fois ma lecture terminée.Tout d’abord on se laisse prendre par un sens du récit parfaitement maîtrisé. Pour chacun de ses titres Kasischke avance comme si de rien n’était, semble nous charmer peu à peu, hypnotise le lecteur grâce à une écriture simple, des phrases courtes presque anodines. Les personnages principaux sont généralement des femmes entre 15 et 40 ans issues de la classe moyenne américaine, aspirant à une vie simple et rangée. Soucieuses de se forger un équilibre familial et de le conserver. Et puis … et puis cela dérape. Un grain de sable survient (une disparition, un soupçon d’adultère, la tentation de se sentir toujours belle et désirable etc.) et tout s’emballe. On attend impatiemment ce qui va « clocher », on redoute la chute, on invente, on fantasme dessus mais à aucun moment on ose imaginer ce que l’auteur nous sert dans le dernier quart du livre (voire dans les2 dernières pages pour Rêves de garçon). Chacun de ses titres révèlent la part la plus noire de l’individu, sa capacité à nier l’évidence pour se protéger, son aptitude à « passer à autre chose ». Chaque histoire est également l’occasion pour Kasischke de mettre à mal tous le symboles d’une Amérique qui se croit encore triomphante, bien pensante et qui montrent une forte capacité à auto-entretenir un mode de vie qui tourne à vide.

Voici, dans l’ordre dans lequel je les ai lu, les livres de Laura Kasiscke qui, actuellement, sont disponible en France.

Rêves de garçon
512HF4WBqVLTrois pom-pom girls, profitant d’un camp de vacances au cours duquel elles viennent « entretenir » leur esprit d’équipe et les figures imposées qui leur sont demandées lors des matchs de foot, vont croiser la route de 2 garçons et leur sourire. Insouciance de l’adolescence, légèreté des jeunes filles pour qui la vie s’annonce pleine de promesse tout est réunis pour mener le lecteur vers une fin brutale dont aucune des jeunes filles ne pourra sortir indemne.

 

Un oiseau blanc dans le blizzard
41EHHGE09MLUn soir Katrina, jeune adolescente, rentre chez elle et, en compagnie de son père, attend le retour de sa mère… en vain. La disparition de cette dernière est signalée, pas d’indice, pas de piste. La jeune fille se satisfait de cette disparition, soulagée de ne plus avoir à supporter une mère qu’elle déteste. Mais l’inconscient « parle », les mauvais rêves arrivent. Où est sa mère

 

A moi pour toujours

419lMhp5XYLLe jour de la Saint-Valentin Sherry Seymour, professeur d’université, trouve un mot dans son casier « A moi pour toujours ». Chez cette quarantenaire, mariée, un enfant qui vient d’entrer à l’université, ce petit mot provoque surprise et amusement pour finalement l’entraîner vers le fantasme. Beau portrait de femme, consciente du temps qui passe, des « outrages » du temps et de la nécessité d’en « profiter » une dernière fois avant qu’il ne soit trop tard. Mais rien n’est aussi simple… Quelle sera la chute ?

 

La vie devant ses yeux
De nouveau une héroïne ayant la petite quarantaine. Mariée, une petite fille, vie rangée et qui semble heureuse. Très vite la structure de narration choisie par l’auteur (chapitre alternant 2 voix différentes) instaure un malaise, un doute quand au passé de l’héroïne. Qu’a-t-elle bien pu faire ? Qu’a-t-elle vécu de si terrible pour que peu à peu le mal être et la folie semble s’emparer de cette femme ? De tous les livres de Kasischke celui-ci me semble le plus original dans sa narration, le plus riche dans l’écriture montre un sens du récit parfaitement maîtrisé. Une fois terminé, posez vous, videz votre esprit et mesurez à quel point vous avez pu être "berné".

A suspicious river
Premier roman paru, A suspicious river est le plus noir et le plus terrifiant. Difficile d’en donner l’intrigue sans tomber dans le très glauque et sans trahir l’auteur par une présentation insipide. Point de départ : une jeune réceptionniste de 24 ans décide de se prostituer. Cette décision ne répond pas à un besoin vital devant lui permettre de subvenir à ses besoins. Elle le fait, c’est tout. On assiste alors à sa descente aux enfers et à un épilogue terrifiant. Lu en une nuit il m’a été impossible de m’en détacher. Arrêter la lecture me donner l’impression d’abandonner cette jeune femme. Terrible.

Site de l'éditeur

Entretien avec Laura Kasischke à écouter là

 

 

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